Emile Roux (1853-1933)

Société des Amis de Pasteur

Amis de Pasteur

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C’est dans une ancienne abbaye devenue le collège de Confolens (Charente) que nait Emile Roux le 17 décembre 1853. Son père est le principal du collège et sa mère la gestionnaire tout en assurant déjà l’éducation de cinq enfants. Deux autres suivront la naissance d’Emile.
E. Roux a neuf ans à la mort de son père, il sera désormais élevé par sa sœur aînée et son mari, François Mormont, professeur, qui succède au père à la tête du collège. Emile suit le couple au gré des nominations de F.Mormont et poursuit ses études au collège d’Aurillac, au lycée du Puy, au lycée de Clermont-Ferrand où il obtient le baccalauréat (1871).
Elève espiègle à Confolens, turbulent à Aurillac, Emile fait preuve d’une grande facilité d’apprentissage, d’une excellente mémoire. Son caractère bien trempé, son esprit critique et sa verve prompte et cinglante lui valent cette prédiction d’un répétiteur: » Emile! vous tournerez mal! ».
Au début de ses études médicales à Clermont-Ferrand (1872), il est employé comme préparateur par Emile Duclaux professeur de chimie à la faculté des sciences. « Le destin était en marche… Entrainé dans le sillage de Duclaux donc dans le sillage de Pasteur, il abordait la médecine en chercheur plutôt qu’en futur médecin ».

En 1874, E. Roux poursuit ses études à Paris, chargé du laboratoire du docteur Béhier à l’Hôtel-Dieu puis boursier à l’école de médecine militaire du Val de Grâce. Il est renvoyé suite à son refus de soutenir une thèse qu’il estime n’être pas assez travaillée. E. Duclaux le « recueille » comme préparateur pour ses cours sur les fermentations à la Sorbonne. A travers les travaux de Duclaux, Roux se passionne de plus en plus pour la science nouvelle enseignée par Pasteur auquel Duclaux le présente.

E. Roux entre au laboratoire de Pasteur, rue d’Ulm, en 1878. Il ne devait plus le quitter.
Au bout de quelques mois, il devient, avec Chamberland et Thuillier, l’aide indispensable du Maître. Il participe aux travaux sur l’atténuation du choléra des poules, aux études sur le charbon des moutons au laboratoire mais aussi en Beauce, sur le terrain, et à l’expérience publique de vaccination charbonneuse à Pouilly-le-Fort en 1881, année du début des travaux sur la rage.
1883, E. Roux présente sa thèse  » De nouvelles acquisitions sur la rage » avec succès, recevant ce compliment du président du jury: « Monsieur, en cette matière nous n’avons qu’à apprendre de vous ». Ce premier travail sur la rage marquait le départ de nombreuses années de recherches sur le concept d’immunité qui le taraudait.

Cette même année, Pasteur confie à Roux, Nocard, Thuillier et Straus la mission d’étudier et de déterminer l’agent du choléra qui sévit en Egypte. Thuillier contracte la maladie et meurt brutalement à Alexandrie. Les chercheurs rentrent en France, E. Roux, très affecté par la mort de son ami, passe quelques semaines en famille et revient à Paris très amaigri, malade. On décèlera les signes de la tuberculose dont il souffrira jusqu’à la fin de ses jours.
Il reprend son travail sur la rage au laboratoire avec Chamberland. Les trépanations de chiens enragés, les transplantations de virus rabique dans l’encéphale de chiens « neufs » continuent jusqu’en L’emploi des lapins comme sujets d’expériences rend le travail des chercheurs plus facile et moins dangereux. Un protocole de vaccination est bientôt mis au point et expérimenté avec succès sur une cinquantaine d’animaux.

Le 6 juillet 1885, il refusera de participer à la première injection de vaccin sur Joseph Meister considérant que les expériences réalisées sur les animaux sont encore insuffisantes pour tenter cette première vaccination humaine. La brouille avec Pasteur sera de courte durée et E. Roux avec Yersin seront les véritables architectes du futur Institut Pasteur qui sera inauguré le 14 novembre 1888.
Dans le même temps, E. Roux poursuit son travail sur les toxines, étudie avec L. Martin l’immunisation des animaux, du cheval en particulier pour obtenir en quantité du sérum nécessaire au traitement de la diphtérie. Ce sont 300 enfants qui recevront ainsi des injections de sérum avec succès pour la grande majorité d’entre eux.
1896, E. Roux est nommé sous-directeur de l’Institut Pasteur avec Chamberland ; E.Duclaux en est alors directeur. Son activité scientifique continue: recherches sur le tétanos, la tuberculose, la péripneumonie, la syphilis avec Metchnikoff. Nommé directeur en 1904, il cesse ses travaux personnels pour se consacrer au développement de l’Institut et la création de l’hôpital Pasteur avec L. Martin et plus tard d’un bâtiment destiné aux recherches sur la tuberculose et la production du BCG. Il participera à la guerre de 1914-18 en créant des laboratoires militaires qu’il visitera régulièrement.

En 1916, E. Roux quitte son appartement d’Auteuil pour occuper deux pièces meublées de la façon la plus modeste sous les toits de l’hôpital Pasteur: son pigeonnier. C’est là qu’il vécut jusqu’à son décès le 3 novembre 1933 sur ces dernières paroles: « Que fait-on dans les laboratoires? Il faut travailler ».

La nation lui fit des funérailles nationales mais on respecta la simplicité qui fut toujours la sienne en le laissant reposer dans le parc de l’Institut Pasteur.

Sources:

  • Service des archives de l’Institut Pasteur, repères chronologiques.
  • Cressac Marie, le Docteur Roux, mon oncle, Paris, l’Arche 1950,
  • Perrot A., Schwartz M., Pasteur et ses lieutenants, Odile Jacob, 2013